Pourquoi la Smartwatch a fait pschitt
Le Monde – 20/03/2017
David Chokron
Les fabricants de garde-temps mécaniques haut de gamme ont frémi face au déferlement annoncé des montres connectées de luxe. Puis la vague est passée…
Ce fut d’abord un raz-de-marée, puis marée basse. Les montres connectées ne tiennent décidément pas leurs promesses, ni commerciales ni fonctionnelles. Dans le sillage de ceux de l’Apple Watch, les chiffres de ventes mondiales sont régulièrement revus à la baisse. Le cabinet d’analyses IDC rapportait déjà en octobre 2016 des chutes de volumes de 50 % par rapport à 2015. Mais leur incapacité à trouver un usage indispensable, « killer app » dans le jargon geek, ne cesse de les pénaliser.
On peut ainsi basculer d’un style à l’autre sans être obligé de choisir son camp…
Le rythme ultra-cadencé des renouvellements de produits, de caducité des composants et la chute des prix ont ainsi causé la faillite de Pebble, pionnier du secteur. Un seul usage semble émerger du grand éventail des possibles de ces produits : le suivi d’activités sportives. Et encore, dans ce domaine, les bracelets connectés dominent et éclipsent les montres, surtout à écran tactile.
Samsung expose pour la première fois au Salon Baselworld (du 23 au 30 mars, à Bâle), recherchant un adoubement de type horloger qui ferait oublier la nature électronique de ses produits, et ses déconvenues commerciales. En effet, la fonctionnalité de la montre connectée continue sa mue vers des formes plus variées, plus petites et moins chères. La société MMT a ainsi miniaturisé un capteur d’activité qui transmet ses données à un smartphone, au point d’en faire une plaquette de la taille d’un maillon ou d’une boucle de bracelet. Plus besoin d’acheter une Smartwatch pour en avoir les avantages.
Vue depuis la Suisse, cette actualité fait sourire et soulage. Après avoir frémi puis paniqué face à ce déferlement annoncé, cumulé à une baisse des ventes historique, les horlogers haut de gamme réunis à Baselworld digèrent ces changements. Quelques-uns y avaient été de leur proposition. Bulgari avec une puce d’identification à des services Cloud, une initiative qui perdure. Il s’agissait d’être présent, de montrer sa pertinence dans un monde connecté, sans renier son âme de fabricant de garde-temps mécaniques haut de gamme. Aujourd’hui, seules deux initiatives tiennent la route sur le segment du luxe.
Non-exposant à Baselworld, Montblanc vient de présenter sa Summit, une montre connectée tactile au look vintage, un paradoxe assumé pour ce produit qui doit lui ouvrir une nouvelle clientèle. L’autre provient de TAG Heuer. La Connected Modular 45, va au bout de l’interactivité et de la modularité. Entre les brins de son bracelet réside un palet interchangeable, au choix module électronique, tactile et multifonctions, ou bien mouvement mécanique suisse. On peut ainsi basculer d’un style à l’autre sans être obligé de choisir son camp… le tout à des tarifs helvétiques. Dans leur majorité, les autres continueront à rester à l’écart.